Au chaud sous la couette, pelotonnée contre son nounours, Oméga fait un rêve : une rencontre avec l’ourse sauvage et solitaire, puis une fugue, blottie dans son épaisse fourrure, loin, si loin, qu’au bout du voyage elle accepte d’être dévorée. Gros cri d’amour, soif d’aventure, d’indépendance ? On s’interroge sur la signification de cette histoire étrange au message ambigu qui laisse un sentiment de malaise d’autant plus fort que le lecteur doit attendre la dernière image pour avoir la confirmation qu’il ne s’agit que d’un rêve. Un album servi par une illustration talentueuse, qui fait, avec beaucoup de sensibilité, la part de la nature, de l’étrange… Les images pleine page mélangent peinture, collages avec éléments photographiés. Les effets d’ombre et de lumière, les différentes tonalités du jour et de la nuit, les perspectives d’arbres créent des paysages à la fois réels et oniriques qui invitent à l’évasion. Animaux et humains ont une présence charnelle ou, au contraire, sans épaisseur, simples personnages de papier. L’artiste joue avec la symbolique du conte et envoûte, jusqu’à la dernière image qui laisse une angoisse.
A.T.