S’inspirant du mythe d’Orphée et d’Eurydice, l’auteur de Danube (NB avril 1989) imagine dans une courte fable qu’une Femme s’adresse au Président d’une Maison de Repos où elle est soignée. Elle se félicite de l’autorisation exceptionnelle accordée à son compagnon de venir la voir et évoque sa vie d’antan lorsqu’elle l’initiait à l’amour, tapait ses poèmes tout en s’en moquant, parfois même les modifiait. Le roman se clôt sur leur séparation définitive…Le récit est empreint d’un mélange de réalisme et de fantastique, de tendresse, de lucidité et d’ironie, cette ironie dont Claudio Magris dit qu’elle « détruit l’idolâtrie ». Cependant le discours prêté à la Femme s’étire en phrases souvent longues et denses où les ruptures narratives égarent le lecteur dans les ténèbres de l’inconscient et du souvenir. C’est peut-être là l’effet de cette « écriture nocturne qui rend compte de certaines de nos pensées fugitives, qui disent parfois quelque chose de terrible sur nous ».
Vous comprendrez donc
MAGRIS Claudio