De la mort de sa mère et de son histoire, Jérôme Clément tire un texte magnifique, qui se déploie autour d’un drame résolument tenu secret. Le parcours de sa mère – comme celui de ses grands-parents – Jérôme l’avait appris par bribes au fil des années. Après sa disparition, dans l’intimité de l’appartement maternel, il découvre à la lecture de papiers jaunis, exhumés des placards, toute la mémoire familiale.
Avec une justesse et une sensibilité à fleur de mots, le fils fait revivre la femme qu’était sa mère et l’histoire, traversée par la guerre, de ses grands-parents juifs venus d’Odessa. Dans cette chronologie de lieux, de dates et de témoignages, où la petite et la grande histoire se rejoignent, ses propres souvenirs s’inscrivent en pointillé. À ce témoignage fort, déjà paru en 2005, l’auteur de Les femmes et l’amour (N.B. mai. 2002) ajoute un chapitre sur la réalisation du film éponyme et ses doutes, au moment de faire revivre à l’écran cette mère qu’à présent il comprend. Bouleversantes, les dernières pages du livre se referment sur Auschwitz, où Jérôme Clément et sa famille se recueillent, « soixante- quatre ans, jour pour jour, après le crime ».