La Grande-Bretagne, symbole de réussite, voire de modèle pour la France engluée dans le chômage, ferait naufrage. Après Thatcher, les travaillistes, pragmatiques, ont suivi la voie libérale imposant adaptation et compétitivité créatrices d’emplois. Mais la crise internationale atteint d’autant plus le pays que la prospérité était fondée sur un endettement privé malsain. La dette de l’État explose aussi : il faut renflouer les banques fragilisées, moderniser les services collectifs délabrés, recentrer une politique sociale peu redistributive. Car les inégalités, déjà importantes, augmentent. Parallèlement, le terrorisme contraint à rogner les libertés pour améliorer la sécurité, et le multiculturalisme proverbial est ébranlé.
Jacques Monin, envoyé spécial de Radio France à Londres, brosse un tableau actuel d’accès facile de la Grande-Bretagne, synthèse d’analyses déjà connues. Plus original est le parallèle entre sociétés française et anglaise. L’une, attachée à l’interventionnisme étatique et aux acquis sociaux, intellectuelle et idéaliste mais contestataire ; l’autre, respectueuse des traditions et des lois, mais dépolitisée, matérialiste, se défoulant dans les tabloïds sans tabous ou dans l’alcoolisme et la violence, croissants chez les jeunes. Jamais dogmatique ni manichéen, ce double portrait contrasté souligne néanmoins l’attachement aux mêmes valeurs démocratiques et la convergence des évolutions.