Dans le Paris des années 1880, des crimes ont lieu, qui ont pour point commun une mise en scène macabre décalquée de certains tableaux de Manet, Le fifre, Olympia, mais surtout le célèbre Déjeuner sur l’herbe. Face à des mannequins masculins, dont les poses et les vêtements reproduisent scrupuleusement les équilibres et les coloris de l’oeuvre, sont disposés dans la même scrupuleuse ordonnance des corps, nus et intacts, de femmes assassinées, qui ressemblent toutes au modèle favori du peintre. Vengeance d’artiste raté, monomanie homicide, délire syphilitique ? Un jeune médecin, qui pratique dans les milieux de la prostitution, est entraîné malgré lui dans l’enquête : d’abord par l’attirance éprouvée pour une de ses patiente, Obscura, laquelle aurait servi de modèle pour un « Olympia », ensuite et surtout parce que sa propre compagne est enlevée par l’assassin…
Polar français, polar historique, avec une bonne reconstitution du Paris de l’époque et des débuts de la médecine légale et de la psychiatrie, Obscura manque un peu d’efficacité en raison des nombreuses digressions que ces disciplines inspirent à l’auteur de Caïn et Abel (N.B. mai 2007). Mais si on ne craint pas de sauter quelques lignes un peu trop didactiques, l’intrigue, malsaine à souhait, s’avale d’une traite.