Les fidèles lecteurs des soeurs Tran-Nhut (cf. L’aile d’Airain, NB octobre 2003) retrouveront avec plaisir le mandarin vietnamien Tân, du XVIIe siècle, au flair policier subtil et infaillible. Pour honorer un nouveau percepteur, Tân offre un banquet à son entourage habituel : le directeur de la prison, un médecin, un tailleur, un apothicaire, un lettré, une poétesse exaltée. Au cours de ce long festin où les mets nombreux et succulents se succèdent lentement, chaque convive est amené à évoquer une énigme non résolue : vol, escroquerie ou mort suspecte. Les autres participants suggèrent des hypothèses, mais tous s’en remettent à la sagacité de leur hôte.
L’écriture est alerte, fleurie. Le dépaysement dans le temps et l’espace est captivant. Les personnages sont bien campés, avec parfois une pincée d’érotisme narquois. La musique, la présentation des plats, les subtiles senteurs, les ingrédients raffinés : tout concourt à faire saliver le lecteur et à l’enchanter.