Vie quotidienne en Bulgarie communiste entre 1944 et 1990. À Sofia, le Mausolée, où repose embaumé le Petit Père du Peuple si pareil à son inspirateur soviétique, est un pèlerinage obligatoire. Les adhérents au Parti savent concilier délation, compromission, trahison ; ils vivent. Les autres, indifférents ou opposants, subissent humiliations, exclusion, déportation ; ils survivent à peine. Après la chute de la dictature, la maffia remplace les « apparatchiks », puis la société de consommation efface les derniers vestiges de paysages encore préservés.
Milena, la narratrice, entrecroise souvenirs personnels, familiaux, amicaux, en une large fresque sociale et politique et sanctionne par une critique implacable le totalitarisme bulgare. Avec un humour noir qui n’affadit pas la réalité et sur un ton juste, sensible et vivant, la romancière de Coeurs Croisés (N.B novembre 2000) ressuscite les souffrances, les obsessions et la dépersonnalisation de milliers d’individus dans un passé trop méconnu et si proche.