L’élusive subtilité japonaise, toute en délicatesse et poésie, se déploie à merveille dans ces nouvelles. Les personnages prennent leurs couleurs aux premières lignes : des enfants, des adultes le plus souvent humbles, soumis, dont la vie monotone a cependant des horizons inattendus. Voici un inventeur d’un instrument de musique animé par le vent de mer…, une dactylo et le préposé à la réparation des machines, leurs relations d’un érotisme allusif…, une vieille dame partant en Autriche pour assister les derniers moments d’un amoureux qui l’a autrefois abandonnée…, un modeste gardien d’hôtel et la petite-fille autiste de sa logeuse…, un conducteur de bus scolaire et ses tout petits passagers… Même en deux pages, l’atmosphère d’une nouvelle et ses nuances deviennent tangibles, sentiments et caractères se révèlent en touches essentielles, économes et précises. Chère Yoko – on ne peut que nouer amitié avec cette auteure –, merci pour ce voyage en terre et âmes étrangères.
La mer
OGAWA Yôko