C’est à peine si Mohamed s’est aperçu que la vie a passé. Quarante ans de travail à l’usine et le temps de la retraite s’ouvre désormais devant lui, béant. Il se perd dans ses rêves et ses souvenirs, songe à son village natal au Maroc et tente confusément de prendre la mesure des valeurs familiales transmises à ses enfants. Tant d’incompréhension les sépare, bien qu’il ait fait pour eux tout son possible…
Par le biais d’un conte qui se nourrit avec pudeur de l’âpre réalité, Tahar Ben Jelloun explore les sentiments d’un immigré arrivé en France dans les années soixante. Sous un angle différent de Partir (NB mars 2006), sont évoqués dans une langue subtile le déracinement, le racisme, l’usure de l’espoir. La fracture générationnelle est au coeur de ce livre poignant, le père restant attaché à son pays tandis que les enfants sont volontairement oublieux de leurs racines.