Trois meurtres mystérieux successifs de personnalités connues semblent avoir pour objectif de saper l’ordre social. Un dérivatif pour André, ex-comédien, misanthrope, qui s’ennuie dans son bourg natal après une existence à Paris où il vivait librement ses amours masculines. Simultanément, Malik, son dernier amant délaissé, musulman, prostitué, immigré sans papiers, est embrigadé dans un camp d’entraînement censé former des gorilles, en réalité des tueurs. Son coéquipier, le beau Volodia, le manipule, mais s’en éprend. Leur mission est un fiasco. Malik en fuite appelle à l’aide André.
Ce roman n’est pas un polar, mais, comme Abel (N.B. avril 2007), une étude de caractères : ceux de deux personnages en tout dissemblables excepté leur commune absence d’espoir. Le plus âgé, orgueilleux, désabusé, hanté par la mort, s’acharne à se détacher des choses de ce monde et ne peut se résigner à une vie routinière et rétrécie, visitée par des souvenirs décolorés. Le plus jeune, insaisissable, en quête éperdue de protection, cache mal sa faiblesse sous des rodomontades, et son absence de projet sous des chimères. Une proie facile pour une organisation terroriste. La psychologie dans ce roman fort bien écrit est plus intéressante que le développement de l’intrigue.