De la basse-cour, au bois, au jardin, une promenade guidée par quelques unes des Histoires Naturelles de Jules Renard. Des textes courts originaux ne sont parfois retenus qu’un paragraphe ou une conclusion, réussissant à rendre encore plus lapidaires les trouvailles d’un auteur doué pour la concision. La formule fait mouche et laisse une large place à l’image. L’âne est « le lapin devenu grand » face à l’image composite laissant deviner la part qui revient à chacun. Le dessin allie précision documentaire et surréalisme pour souligner la poésie et l’humour des mots. Le papillon « billet doux plié en deux », vole vers une plante où fleurit une boîte à lettres. Les fourmis qui « ressemblent au chiffre 3 » composent à la queue leu leu le symbole de l’infini. Les couleurs somptueuses sont magnifiées par un épais papier brillant au grain doucement irrégulier sous le doigt. Elles apportent un supplément de sens : le rouge sur la queue du paon le rend assurément plus suffisant, comme il scande les ondulations du serpent (« trop long ») envahissant la double page. Les plus jeunes s’amuseront de bien d’autres détails, d’autres repèreront les références picturales des arrière-plans comme ce paysage de neige à la Breughel derrière le corbeau lançant son « quoi ? quoi ? quoi ? » à côté d’un arbre tordu en point d’interrogation. Un texte plein d’esprit transcendé par l’image : on manque d’épithètes pour saluer cette réussite. Pour tous. R.F. et M.D.
Histoires naturelles
RENARD Jules, QUARELLO Maurizio A.C.