Jusqu’à l’âge de neuf ans, Sean (John) vit heureux au sein d’une fratrie de sept enfants. Sa mère, institutrice, élève la famille dans un hameau, près de Ballinamore. Son père, gendarme, vit dans une caserne à trente miles de là. Bientôt le drame se noue autour de la maladie et de la mort de cette mère adorée, mère lumière, mère d’amour, sublimée par l’écrivain (une figure de la Vierge ?), victime du père, un manipulateur égocentrique et violent, un séducteur aussi (le Diable ?) qui lui refuse tout réconfort. Suivent pour l’enfant des années de violence sous la coupe de ce père dur et mesquin, porteur ambigu d’un catholicisme étroit plein de confusion et d’ignorance. Pourtant, le temps cicatrisant les plaies et apportant de nouvelles expériences, l’orphelin devenu adolescent repousse, par son talent et une force tenace puisée dans ses premières années, les limites de son propre destin. Ce sera l’école, l’université, et enfin l’écriture d’une oeuvre à laquelle ces pages d’une obsessionnelle beauté donnent toute sa tragique cohérence. Splendeur désolée des paysages d’Irlande, âpreté de la misère au quotidien, cruauté d’une enfance privée de mère dominent ces mémoires d’enfance, testament littéraire d’un des plus grands romanciers irlandais contemporains (Pour qu’ils soient face au soleil, NB août-septembre 2003), décédé en 2006.
Mémoire
McGAHERN John