On ne présente plus l’étonnante expressivité des dessins de Bilal, l’étrange originalité des personnages et des décors, les perpétuelles incursions oniriques. Toutes ces composantes sont comme épurées dans ce nouvel album, tout en crayon noir et pastels gras sur fond gris. Quelques rehauts de blanc et de parcimonieux éclats rouges viennent souligner les détails essentiels au sein d’un scénario complexe, propre à de nombreuses lectures entrecroisées.
La grande catastrophe est passée sur la Terre, irrémédiablement salée. Servis par des domorobots aux allures de crustacés, les rares survivants tentent de rejoindre des zones hospitalières en combattant les anthropophages radioactifs et autres dangers imprévus. Qui sera sauvé : ceux qui savent se transformer en dauphins ou ceux qui chevauchent les chevaux-zèbres ? Chaque image de ce gros album est évocatrice d’un monde qui pourrait être le nôtre, puissamment humain et impitoyablement déréglé.