Elles sont jeunes, belles, aimées. Mais leur chemin croise celui de Josef Kalteis qui, de 1931 à 1939, viole et tue sauvagement ses proies, à Munich ou dans ses environs. Un homme jeune, apparemment inoffensif, marié, père de famille, casquette de chauffeur. En réalité, mauvais époux, obsédé sexuel, violent, comme le révèlent progressivement le témoignage de sa femme et son propre interrogatoire. La figure centrale est la charmante mais naïve Kathie, venue à la ville comme un papillon attiré par la lumière. On la suit pas à pas une semaine, pressentant sa rencontre inévitable avec le meurtrier.
Ce roman aussi noir que le précédent (La Ferme du crime, NB mars 2008) est inspiré d’un fait divers, dans l’Allemagne populaire d’avant-guerre. Bousculant la chronologie, Andrea Maria Schenkel commence par l’exécution rapide du criminel ; puis entremêle les tribulations de Kathie, les témoignages des proches des victimes ou quelques instantanés des agressions en remontant le temps, enfin des bribes du monologue insensé de Kaltéis acculé par les juges. Le style, sobre et suggestif, crée une atmosphère angoissante et envoûtante, et évoque par petites touches l’ambiance d’une époque. Un récit intense et habilement construit.