L’île aux fous

En Juillet 1917, des Américain débarquent sur une petite île désertique du Pacifique. Ils y découvrent avec stupeur des femmes et des enfants décharnés et hagards, violentés par un gardien de phare monstrueux, seuls survivants de la petite garnison mexicaine chargée d’en défendre les droits, oubliés de tous. À partir de ce fait réel, Ana Garcia Bergua, journaliste et critique bâtit un roman original et plein de finesse, faisant alterner en une construction complexe passé et présent, voix des morts et voix des rescapés : Raul, anti-héros, personnage dérisoire, militaire aux rêves de gloire inassouvis, végète sur cette terre inhospitalière en compagnie de sa femme, admirable d’abnégation et d’aveuglement, et de quelques autres familles dans une attente sans fin qui fait parfois penser au Désert des tartares de Buzzati. Les faits, parfois horribles, parfois touchants, sont contés sans pathos ni émotion inutiles, ce qui rend d’autant plus palpable le tragique de la situation. L’histoire vraie se transforme, sous la plume habile de l’auteure, en une sorte de fable prenante sur la vanité de la gloire, les illusions perdues, l’absurdité de la vie.