Jacques Généreux, professeur à Sciences Po, a quitté le parti socialiste pour participer avec Jean-Luc Mélenchon à la création du parti de gauche. Après avoir dénoncé le néolibéralisme, responsable d’une guerre économique qui oppose les États mais aussi les individus (La dissociété, NB février 2007), il élabore un « grand récit fondateur ». Il s’oppose à une entreprise de modernisation du socialisme qui consisterait à abandonner les valeurs socialistes au profit d’une jouissance avide des biens et au détriment de la construction d’une démocratie solidaire. Son approche anthropologique de la socialisation le conduit à poser les axiomes fondamentaux d’un « socialisme scientifique » : de la construction de l’être à la définition du progrès humain.
Dans ce texte dense, mais construit et didactique, l’auteur présente son projet socialiste néomoderne, résolument anticapitaliste, devant être une synthèse théorique et politique entre le marxisme et le socialisme de philosophie chrétienne. La lecture demande une attention très soutenue et suppose de solides connaissances philosophiques, politiques et économiques. Les réflexions sont intéressantes, abstraites, complexes et parsemées de néologismes, la démarche est rigoureuse, avec de très nombreuses références. L’argumentation laisse une place à l’avocat du diable.