Comme il est triste, cet AntĂłnio Lobo Antunes, se dit-on ! Toujours la nostalgie dâune enfance irrĂ©mĂ©diablement perdue, orgueilleuse et maladroite, habitĂ©e par lâangoisse de la mort. Toujours les tĂ©nĂšbres obsĂ©dantes laissĂ©es par les annĂ©es atroces de guerre en Angola. Parfois, ses chroniques du quotidien deviennent de courtes nouvelles, et ce ne sont que ruptures, abandons, morts, tristesse dâexistences routiniĂšres dans de pauvres dĂ©cors. Cependant, le lecteur continue, prisonnier surpris, de plus en plus attentif aux avancĂ©es hĂ©sitantes du rĂ©cit, aux brillants exercices dâĂ©criture, aux lueurs dâhumour, dâautodĂ©rision ; et Ă la poĂ©sie qui flotte autour de ces petites scĂšnes de la vie courante, simples en apparence, doublĂ©es dâune puissance Ă©motive dĂ©tonante, jusquâau dĂ©nouement qui laisse souvent mĂ©ditatif. La prĂ©sence discrĂšte de proches â parents, amis â ajoute Ă la densitĂ© affective (la derniĂšre chronique, sur la mort du pĂšre, en est exemplaire).Finalement, ces chroniques sont surtout lâhistoire de la crĂ©ation dâune oeuvre (cf. Livre de chroniques, Livre du Mois, NB mai 2000), commencĂ©e Ă onze ans, substance de la vie de lâauteur : « Ămissaire dâun roi inconnu/ Jâaccomplis dâinformes instructions de lâau-delà », dit-il de lui-mĂȘme en citant PessoaâŠ
Livre de chroniques IV
LOBO ANTUNES AntĂłnio