Suite indienne

THEROUX Paul

Trois nouvelles composent cette Suite indienne, chacune illustrant le malentendu fondamental qui peut exister entre certains Américains et l’Inde, la fascination qu’elle exerce sur eux, leur impuissance à se l’approprier. Dans le spa de luxe himalayen de « La colline des singes », un couple de touristes vit une expérience sexuelle qu’il croit innocente, mais dont l’issue est tragique. « La porte de l’Inde », nouvelle plus fouillée, retrace les relations complexes d’un homme d’affaires avec son correspondant indien à Bombay et sa recherche du bonheur auprès d’une prostituée, presque une enfant ; découvrant la manipulation qui va le perdre, l’Américain transforme son dépouillement forcé en renoncement volontaire quasi suicidaire. Enfin, dans « Le dieu éléphant », la trop libre Alice est rejetée de son ashram à Bangalore, brisée spirituellement après avoir été violée par un de ses étudiants en télécommunications.

 

Si on peut regretter que quelques répétitions alourdissent la dynamique de ces nouvelles, on reste séduit par cette peinture subtile et contrastée de l’Inde, de ses couleurs, sa misère, sa violence, mais aussi de son dynamisme conquérant dans les nouvelles technologies. De plus, le voyageur Paul Theroux (Hôtel Honolulu, NB, juillet 2002) sait s’y révéler un non moins subtil explorateur de l’âme occidentale qu’il ne juge ni ne caricature, mais analyse dans sa complexité.