Africa, espagnole, communiste militante, a été une héroïne de la guerre civile. Après la victoire des phalangistes, réfugiée en URSS, elle est embauchée par le NKVD et chargée de missions périlleuses. Pour monter un réseau d’espionnage en Amérique latine, sous une identité plausible, elle se fait épouser par Felisberto Hernandez, poète uruguayen, protégé de Supervielle et devenu célèbre par la suite. Elle s’installe avec lui à Montevideo. Soi-disant couturière, elle dissimule des appareils de transmission parmi les machines à coudre… Africa, colonelle de l’Union soviétique, est morte couverte de gloire en 1988.
Alicia Dujovne-Ortiz, argentine, a publié Femme couleur tango (NB novembre 1998) dont l’héroïne était aussi une femme hors du commun. S’inspirant d’une histoire vraie, elle décrit la personnalité lunaire du poète, de son inflexible et magnifique épouse, et de nombreux personnages aux destins tragiques et extravagants. Le journal de l’officier traitant d’Africa éclaire la mentalité de ces hommes et femmes piégés par l’impitoyable système qui les déshumanise. Cet ouvrage, parfois un peu confus, dévoile les relations peu connues entre les communistes espagnols et l’URSS, et la guerre secrète dont ils ont été les acteurs.