Issue d’une génération qui n’a connu que Fidel Castro et d’une époque où les enfants « étaient des personnages secondaires pour leurs parents, plus attentifs aux consignes qu’à leur progéniture », Nadia ne peut pas vivre sans Cuba. Animatrice de radio, comme l’était sa mère, elle se sent dépositaire de la mémoire de ceux qui sont partis et entreprend de retracer des moments de vie d’une guérillera auprès de Castro, et de sa mère qu’elle retrouve à Moscou après des années de recherche. Elle fouille dans sa mémoire et dans celle des autres, part dans le passé pour revenir dans le présent et tente de reprendre en main un destin qui lui a toujours échappé.
Dans ce récit distancié, Wendy Guerra met à plat son histoire et celle de son pays en mélangeant les styles au gré des témoignages, des lettres, des rencontres, et du journal de Nadia dans lequel les pensées s’enchaînent sans ordre, comme lors d’une psychanalyse. Si la multiplicité des sources et des formes permet une approche plus juste de la vérité, jointe ici à un non-respect de la chronologie, elle rend acrobatique la lecture de cet ouvrage ambitieux, par ailleurs bien écrit.