Opposants à un effroyable régime dictatorial, père et fils ont séparément émigré en Amérique. Le père meurt, le fils revient à Haïti à la recherche du passé de cet inconnu. Il renoue avec une parentèle émue et exubérante, rencontre les amis d’enfance du disparu, retrouve les siens, se recueille sur les tombes ancestrales. La chaleur accable, la faim et la violence occupent obsessionnellement des humains désoeuvrés. Impuissant à se réapproprier la mémoire de son île natale, partagé entre ici et ailleurs, “touriste” engagé sensible à la magie des lieux, à sa culture caraïbe, le visiteur pourra-t-il résoudre l’énigme de son retour ?
Avec pudeur et distanciation, le romancier inscrit le thème de l’exilé – si souvent traité – dans un recueil d’instantanés où vie et mort s’entrelacent au quotidien. Présentée en courts chapitres, la succession de récits et de vers libres en haïkus enveloppe le lecteur d’une atmosphère poétique où se dessine l’ombre d’Aimé Césaire. Après Je suis un écrivain japonais (NB juin 2008), l’auteur conforte ici son goût de la dérision à laquelle il ajoute une authentique émotion.