Pour s’abriter, échanger, organiser, aimer, les hommes se sont groupés. La salle commune a précédé la chambre, création tardive d’un désir d’intimité, symbole d’un individualisme propre à nos sociétés occidentales. À l’exceptionnelle théâtralité des chambres royales ou princières des XVIIe et XVIIe siècle, succède au XIXe siècle un espace privé, surtout féminin, diversement aménagé, où s’inscrivaient, de l’accouchement à la mort, les moments forts d’une existence humaine. La chambre est aussi lieu d’enfermement pour les religieux, les prisonniers, l’enfant puni, lieu de travail, lieu d’escale ou refuge où s’épanouissent désirs, rêves, secrets, c’est une pièce encore aujourd’hui souhaitée avec exigence.
Espace de la méditation, de la quête de soi ou évocatrice des douceurs conjugales, voici donc la chambre dans tous ses états, inventoriée par l’auteure de Les Femmes ou les silences de l’Histoire (NB avril 1999). Cette historienne offre un ouvrage aux références littéraires et picturales fournies, parfois répétitives, servies sur un ton docte et étoffées de notes. Trop exhaustive dans sa description, elle exalte pourtant la mémoire de cet espace clos indispensable à l’écrivain pour y trouver la solitude.