Le tailleur gris

Au premier jour de sa retraite, un directeur de banque entame une série de déconvenues. Veuf, il a épousé en secondes noces Adele, une femme plus jeune que lui, qui le met vite au pas. Le trompant assidûment, elle va jusqu’à héberger un jeune neveu pour assouvir loin des regards ses besoins sexuels. Car si Adele est fourbe, elle a le sens des convenances… À cette duplicité s’ajoute la maladie qui terrasse le pauvre homme, obligé de s’en remettre aux bons soins de sa tendre moitié.  Fidèle à une certaine concision du style, Andrea Camilleri livre une courte et piquante comédie de moeurs aux dialogues savoureux, exempts des tics de langage qui lui sont coutumiers. L’audacieux auteur italien change apparemment de registre et abandonne pour un temps son héros fétiche, l’inspecteur Montalbano (La lune de papier, NB février.2008). Il réussit à orchestrer à la perfection un jeu de chat et de souris assez jubilatoire entre un homme mûr, désabusé, amoureux et lucide, et une femme sensuelle, volage et calculatrice. L’araignée est dans la toile et le suspense est en prime, savamment distillé.