À plus de trente ans, Esther Vital se veut libre. Mais écartelée entre ses racines juives marocaines et son environnement français, entre Orient et Occident, modernité et traditions, effusion et pudeur, rationalité et ésotérisme, haine et amour de ses parents, elle se cherche une identité. La veille de ses noces, prise au piège délétère du “Djnoun” (mauvais oeil) et au charme quasi mystique de l’amulette, legs des aînés, sa vie va se transformer… Sans tomber dans l’autofiction, Eliette Abécassis (Mère et fille, un roman, NB août-septembre 2008) laisse paraître une réelle connivence avec son héroïne. La quête identitaire de celle-ci. Son scénario, de Mogador à Mekhnès, de Tolède à Cordoue, des Phéniciens aux Alsaciens, charpente le vrai propos du livre : un document sociologique foisonnant et historique ouvert sur la diaspora juive séfarade. Les personnages secondaires sont souvent monolithiques malgré le pathos ambiant. Le style sans effet, précis, circonstancié, un certain suspense mesuré animent l’action sans lassitude, malgré des redondances. Et le lecteur se laisse entraîner dans une méditation sur les “totems et tabous”, la filiation, l’identité et les conditions de la transmission.
Sépharade
ABÉCASSIS Éliette