Anna vient de mourir ; une fin inĂ©luctable dont lâimminence avait scellĂ© son amour avec le narrateur. DĂ©pressive chronique, elle lui avait imposĂ© un bonheur feint, empreint de mĂ©lancolie et souvent retranchĂ© du monde. Leurs journĂ©es sâĂ©coulaient au plus prĂšs du raffinement et de la simplicitĂ©. Pour rendre la situation plus supportable, Anna avait ouvert Ă son mari le chemin de lâinfidĂ©litĂ©. Il en ressortait plus dĂ©muni que comblĂ©.  LâĂ©mouvant dĂ©sarroi de cet homme, que lâidĂ©e mĂȘme du bonheur attriste, fait contrepoint aux sentiments provisoires et aux jeux sexuels de ses amis qui illustrent, dĂšs les premiĂšres pages, lâĂ©mancipation des annĂ©es soixante-dix. CrĂ©ateur des Ăditions du Regard, JosĂ© Alvarez exprime le renoncement et la mort et sĂ©duit, dans le pudique comme dans lâimpudique, par lâesthĂ©tisme de son langage. Un charme morbide Ă©mane de ces pages.
Anna la nuit
ALVAREZ José