Les sciences humaines ne s’intéressent pas aux changements climatiques et à leurs conséquences sociales, constate Harald Welzer, sociologue, directeur de recherche en psychologie sociale. Oubli réparé concernant les liens entre violence et climat. S’appuyant sur l’analyse des guerres passées et présentes, l’auteur met en évidence la propension des sociétés humaines à faire appel à la violence pour résoudre leurs problèmes. Or, les tensions iront croissant avec les conséquences du changement climatique ; raréfaction des ressources, y compris l’eau et la terre cultivable, sentiments d’injustice, réfugiés toujours en plus grand nombre entraînant des pressions aux frontières, catastrophes naturelles type Katrina engendrant le chaos… Et comme l’esprit humain considère toujours comme normal son environnement, même si ce dernier se modifie, l’urgence de la situation peine à s’imposer.
La réflexion, claire et documentée, s’appuie sur l’étude de cas précis, introduisant le Darfour comme le prototype de la guerre d’origine climatique. Malgré la complexité et parfois un peu de confusion entre les formes de violences actuelles et futures, qui se ressemblent, la démonstration est efficace. Dénuée de pathos ou de moralisme, cette étude est lucide, très instructive. Implacable, elle met nos sociétés face à leurs contradictions et responsabilités.