Il fallait bien dix-sept ans (et sept cents pages) à Gerald Martin pour cerner l’extraordinaire personnalité de Gabriel García Márquez et s’imprégner d’une oeuvre comparée à celle de Cervantès. Avec une sympathie pénétrante, il retrace les quarante années de galère qui ont précédé la reconnaissance mondiale : une enfance difficile, éclairée par un grand-père patriarche, la vie impécunieuse de la très nombreuse famille de « Gabo », les résidences multiples sur la côte colombienne, les années d’étude de l’adolescent dans la froide Bogotá, ses débuts professionnels… Journaliste de gauche, Gabriel García Márquez survit, écrit, se marie (admirable Mercedes !), voyage, mûrissant son oeuvre. Puis la parution en 1967 de Cent ans de solitude (NB juin 1970) illumine telle une comète le ciel littéraire. La gloire et l’argent soudains rapprochent Gabriel García Márquez des grands de ce monde – de Fidel Castro entre tous. Il se compose un personnage provocateur et secret, s’associe de près à l’histoire politique sud-américaine, dont la complexité décourage. Désormais couronnées du prix Nobel, ses oeuvres se succèdent, diverses, et l’auteur ne se lasse pas d’en explorer avec talent les arcanes jusqu’à aujourd’hui. La documentation est énorme sans être trop accablante, les notes et annexes copieuses et minutieuses. Beau travail, Gerald Martin !
Gabriel García Márquez : une vie
MARTIN Gerald