Vers la fin des annĂ©es vingt, trois cents ouvriers japonais, originaires de lâĂźle de Hokkaido, sont embarquĂ©s sur un bateau-usine pour pĂȘcher le crabe, denrĂ©e de luxe, au large des cĂŽtes sibĂ©riennes. ConfrontĂ©s Ă une nature hostile, exploitĂ©s et maltraitĂ©s par leurs employeurs, soumis Ă des conditions de travail et de climat effroyables, ils finissent par sâunir avec lâĂ©quipage pour fomenter une rĂ©volte.
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En 1929, Takiji Kobayashi, Ă©crivain de la mouvance communiste japonaise, publie ce roman inspirĂ© de faits authentiques, soigneusement documentĂ©, d’un rĂ©alisme impitoyable et d’une Ă©criture trĂšs visuelle. Un vĂ©ritable brĂ»lot politique qui fustige avec virulence le systĂšme capitaliste. Longtemps interdit au Japon, il refait surface aprĂšs la seconde guerre mondiale. Sans cesse rĂ©Ă©ditĂ©, il est devenu un classique scolaire et un livre culte pour une partie de la jeunesse du pays, estimĂ©e rĂ©fractaire â trop vite, peut-ĂȘtre â Ă la politique et Ă la littĂ©rature. Un rĂ©cit coup de poing qui, Ă l’Ă©poque, valut Ă son auteur la clandestinitĂ©, la prison, la torture et une mort des plus suspectes. On quitte ce bateau-livre chavirĂ© par tant de noirceur, et aussi par la volontĂ© humaine â si fragile soit-elle â de prendre la barre de son destin.