Voir et pouvoir : qui nous surveille ?

GANASCIA Jean-Gabriel

Les sociĂ©tĂ©s humaines sont passĂ©es de l’ùre de la surveillance Ă  celle de la « sousveillance ». Ce nouveau concept a Ă©tĂ© mis en Ă©vidence par la retransmission en direct, via Twitter, de l’assassinat de l’étudiante iranienne Neda le 20 juin 2009, montrant ainsi que le contrĂŽle sociĂ©tal ne vient plus « d’en haut » mais « d’en bas » : le regard de tous domine celui qui exerce l’autoritĂ©. Par la « supracommunication », notre sociĂ©tĂ© s’élargit Ă  la planĂšte entiĂšre provoquant un affaissement progressif du rĂŽle des États et bouleversant la notion d’espace public. Un nouveau monde est en gestation, relĂ©guant au rang d’archaĂŻsme le concept ancien de Panopticon – surveillance centralisĂ©e – pour laisser la place au « Catopticon » – la surveillance par tous ou « sousveillance ».

 

Quelles seront les consĂ©quences Ă©thiques et politiques de ce changement ? Jean-Gabriel Ganascia, philosophe et spĂ©cialiste de l’intelligence artificielle (cf. L’OdyssĂ©e de l’esprit Ă  l’ùre des sociĂ©tĂ©s de l’information, NB janvier 2000), propose avec une acuitĂ© visionnaire un « outillage conceptuel » afin d’interprĂ©ter et suivre cette « infosphĂšre » en construction, sur laquelle nombre d’intellectuels philosophent. Les propos sont ardus et les concepts difficiles Ă  apprĂ©hender, mais le sujet est d’importance. Demandant une extrĂȘme attention, l’essai, remarquable, est d’un rĂ©el intĂ©rĂȘt.