Enlevée à l’âge de huit ans, Appoline est devenue une adulte qui vit dans une semi-liberté et entretient des rapports complexes avec son kidnappeur. On se souvient d’une affaire récente qui avait posé de nombreuses questions sur cette trame. Morvan y répond à sa manière, en dépeignant l’héroïne sous les traits sulfureux d’une femme sadique, manipulatrice et criminelle par procuration. Carasse, le ravisseur, assassine un boulanger qui avait eu le malheur de voir la jeune fille. Vite mis sur la trace, l’inspecteur Wimms, solitaire et sûr de lui, parviendra t-il à se sortir des filets d’Appoline ?
Un récit dense et haletant transforme un fait divers en un roman noir de belle facture où l’angoisse monte jusqu’à une chute originale et terrible. Le scénario ne s’intéresse pas tant à l’élucidation du meurtre qu’au cheminement qui enferme les protagonistes dans le crime. Tandis que le personnage de Carasse se dilue peu à peu pour bientôt disparaître, celui d’Appoline prend progressivement sa stature et se construit selon un profil diaboliquement souriant, soutenu par un dessin ferme et des couleurs qui ignorent la nuance.