Polza Mancini est en garde Ă vue « pour ce quâil a fait Ă Carole ». Deux policiers essaient de faire parler cet obĂšse laid, alcoolique et psychopathe, qui semble ne se nourrir que de barres chocolatĂ©es. La mort de son pĂšre, fragile silhouette dâoiseau entrevue sur un lit dâhĂŽpital, lui fit lâeffet dâun ââblastââ, lâa illuminĂ©, libĂ©rĂ©. Depuis, refusant toute contrainte, il a clochardisĂ© dans la nature, multipliant les rencontres et les Ă©tats Ă©tranges. Son soliloque philosophique, parfaitement maĂźtrisĂ©, lasse et fascine les policiers. OĂč veut-il en venir ?
Les deux cent huit pages de lâalbum nâapportent point la clĂ© de lâĂ©nigme. Bien plus, cinq tomes devraient suivre. Manu Larcenet, aprĂšs Le Retour Ă la terre et Le combat ordinaire, reste sur ses thĂšmes de prĂ©dilection : les tourments intĂ©rieurs dâun ĂȘtre fragile  et lâappel de la nature. Mais son rĂ©cit est plus grave que jamais et dâaccĂšs plus difficile. Et il renouvelle entiĂšrement son graphisme habituel, en signant un petit chef-dâoeuvre pour les yeux, utilisant constamment le noir et blanc,  sauf quelques graffitis enfantins exubĂ©rants de couleurs, et livrant des scĂšnes de nature ou de nocturnes dans lesquelles sa pratique du lavis sâavĂšre talentueuse.Â