La nuit seule

HANNO

Quel âge a-t-elle ? Qu’importe ! Quand elle ouvre sa fenêtre sur la nuit qui endort le village, elle a l’âge où l’on aime explorer ses frayeurs. Enjamber la fenêtre en pantoufles, marcher le long des murs, courir vite pour dépasser le cimetière où les morts, eux, ne dorment peut-être pas… S’enfoncer dans  le chemin qui part à gauche, vers le bois dont craquements et chuintements meublent le silence. Jusqu’à ce bruit monstrueux près de la rivière…

Du vrai cinéma frisson ! La scène se déroule en deux temps : l’aller, lent, où les éléments qui donnent à la nuit une dimension inquiétante sont successivement et minutieusement suggérés ;  le retour « tourné » en accéléré, au rythme de la course effrénée qui avale tout le chemin en sens inverse et en panique, pour rejoindre la douceur réconfortante de la maison. Écriture efficace et suspense garanti.