La scène : photo en noir et blanc prise sur la terrasse de la maison de famille, la table est rustique, les coudes généreusement levés, les générations mêlées. Maryline Desbiolles détricote ses souvenirs d’enfance, puis de femme, autour des tablées qui ont marqué sa mémoire. S’appuyant sur la théorie mathématique des ensembles de Georg Cantor, elle imbrique les lieux, les époques, les personnages, insistant sur l’un ou l’autre comme sa grand-mère italienne évoquée dans Primo (NB octobre 2005). Elle passe du souvenir au tableau de maître, de la réalité à la Cène. Jeux de gestes et de regards, violence des émotions, n’est-ce pas autour de la table que la vie se noue et se dénoue ?
Toujours habitée par un rude et difficile passé familial où la prégnance des origines italiennes ne se dément pas dans l’évocation des souvenirs et le choix des mots, l’auteure concentre son propos sur la table et les convives. L’élégance et la beauté de l’écriture permettent de s’engager dans les méandres de la mémoire, mais point d’y découvrir le fil conducteur.