Une photographie et un dessinateur suivent les traces de Tchékhov parti plus d’un siècle auparavant visiter le bagne de la Russie, sur l’île de Sakhaline à l’extrême nord du Japon. Passées les immensités sibériennes, ils se frottent aux administrations locales, scrutent de pauvres ruines et découvrent la petite tribu qui conserve quelques souvenirs du bagne d’alors. Du récit de ce voyage résulte une sorte de poème où les genres alternent, une sorte de choeur où la voix de Tchékhov se fait entendre avec ses textes courts, mais ô combien descriptifs sur ses impressions du périple interminable puis de ses découvertes.
Les relations des deux auteurs qui savent avec humour, et quelques anecdotes, faire comprendre tout le poids de ce long voyage ; les photos où alternent des paysages d’une grande pauvreté, parfois sordides, et des visages aux regards souvent résignés, mais riches d’interrogations ; les esquisses minimalistes de Rabaté : quelques coups de crayon, quelques hachures rapides créant le reflet fugitif de l’instant. Tout cela compose un kaléidoscope mystérieux et plein de charme qui dévoile une expérience étonnante et rude.