Helen a trente ans et attend son quatrième enfant lorsque la plateforme pétrolière sur laquelle travaille Cal, son mari, sombre dans les eaux glacées de Terre-Neuve. Pendant vingt-six ans elle vivra au jour le jour : « la gymnastique aquatique c’était comme tout le reste, il fallait avancer malgré l’eau qui vous retenait de tout son poids… ». Disposant de faibles revenus pour nourrir et materner ses enfants, Helen leur laisse une très grande liberté qui les conduira à certains excès. Surtout, elle ne réussira pas à faire son deuil de Cal dont elle ressasse les derniers instants comme s’ils étaient les siens. Et puis son fils lui apprend qu’il va devenir père ; elle s’autorise enfin à vivre pour elle.
Lisa Moore construit ce premier roman traduit en français en va-et-vient entre présent et passé, dessinant le portrait au quotidien d’une famille canadienne assaillie par les soucis et les problèmes financiers. Son personnage maternel est attachant, le ton est juste. Le thème de la perte est traité, peut-être un peu longuement, avec beaucoup de sensibilité et d’amour. Le happy end ne détonne pas dans un tableau certes convenu mais embelli par la poésie et l’humanité de l’auteure.