V.S. Naipaul est nĂ© Ă Trinidad, dans les CaraĂŻbes, issu dâune famille indienne Ă©migrĂ©e depuis les annĂ©es 1860. Une fois encore, il sâinterroge sur cette question qui traverse son oeuvre : que subsiste-t-il pour un exilĂ© indien de sa culture dâorigine ? Les habitudes alimentaires, la religion avec son calendrier, ses rituels et ses textes sacrĂ©s, la hiĂ©rarchie sociale ? Tout cela perdure, sans doute, tandis que les gĂ©nĂ©rations façonnent lâimage dâune Inde mythique, parce quâinaccessible. Mais le « regard de lâInde » nâest-il pas perdu ? Naipaul accompagne sa rĂ©flexion du rĂ©cit de deux parcours. Celui dâun Indien Ă©migrĂ© en 1898 au Surinam, qui en 1940 Ă©crivit en hindi sa biographie, accompagnĂ©e dâun rĂ©sumĂ© maladroit de lâHistoire indienne. Lâautre parcours, autrement important, est celui de Gandhi, son exil en Afrique du sud et son retour en Inde, tel que le raconte Nehru. La juxtaposition est dĂ©routante, par son inĂ©galitĂ©, par la mĂ©diocritĂ© du premier personnage. Cependant, chemin faisant, on vagabonde dans les souvenirs familiaux de lâĂ©crivain et lâon entrevoit furtivement le mystĂšre de « lâInde immobile, dĂ©crĂ©pite, cruelle »⊠Du coup, le souvenir de ce petit texte nonchalant perdure.
Le regard de l’Inde
NAIPAUL V.S.