Née dix ans après son frère, l’auteure n’a pas connu le garçon beau, souriant, solaire qui pose sur la photo. D’Alain, du plus loin qu’elle s’en souvienne, ce sont des cris, des colères, des fugues qui perturbaient le petit monde clos, respectable, rigide voulu par un père strict « qui avait réussi ». Elle se souvient aussi d’un charmeur, d’un rebelle auquel on cède malgré les premiers signes d’une maladie mentale aggravée par l’excès de drogues. Et les années passant et la vie de chacun pourrie par ce frère, elle se souvient avoir souhaité sa disparition, sa mort même et de cela on ne se remet jamais…
De ce gâchis familial, personnel, de cette relation ratée, de cette douleur enfouie, Catherine Vigourt fait un récit bouleversant, grave et mélancolique, à l’image de La Maison de l’Américain (NB août-septembre 2000) pour qu’enfin par les mots écrits, elle puisse faire la paix avec elle-même.