Un livre

Quelle surprise peut cacher un titre aussi peu évocateur qu’intriguant ? Et un livre qui s’ouvre sur une page blanche avec un unique rond jaune perdu au milieu ?

C’est ici que tout commence car il suffit de cliquer dessus pour faire apparaître un deuxième point jaune, puis un troisième. En frottant sur celui de gauche, il devient rouge, sur celui de droite, il devient bleu. Chaque action – cliquer, souffler, secouer le livre, l’incliner, taper des mains – entraîne un changement qui se découvre comme par magie en tournant la page. Les ronds se multiplient, se mélangent, disparaissent ou s’étalent. Il y en a même qui s’allument dans le noir !

Un livre, simple comme un jeu avec trois couleurs primaires : cela rappelle Leo Lionni et son Petit Bleu et Petit Jaune, bien sûr. Chapeau, Monsieur Tullet, pour ce bel hommage rendu à un maître admiré. Car si le célèbre illustrateur italien a étonné avec ses illustrations abstraites, tablant sur le pouvoir d’imagination des enfants, vous frappez fort vous aussi en offrant au lecteur des pouvoirs magiques. L’émerveillement est au bout des doigts, des mains, des lèvres. Et, l’air de rien, les couleurs et leurs mélanges, les nombres, des notions de position dans l’espace, de dimensions s’enregistrent en jouant. La gouache et les traces de pinceaux donnent à l’abstraction épaisseur, vie et mouvement. Les injonctions du texte et les commentaires en aparté stimulent le jeu et amusent celui qui, dès le début, devient acteur à part entière et fantastique magicien.