De cette bande magnétique, trouvée par le nouveau locataire ivoirien dans une chambre de bonne d’un immeuble du quartier Saint-Maur, s’élève un monologue. Une voix insolite, celle du précédent occupant des lieux, s’adresse à un certain Monsieur Ki. Résonnante comme une ballade épique, elle raconte l’amie concierge raciste, l’écartèlement entre deux mondes et ce délirant village africain si voisin du sien.
Entre rap et rhapsodie, entre syncope et palabre, Koffi Kwahulé, comédien et dramaturge, improvise de bien jolis rythmes et des modulations quasi gutturales dans ce nouveau roman à la composition ingénieuse, musicale et “jazzy”. On est séduit par son pittoresque et sa cocasserie. Poussés parfois jusqu’à la caricature, ils prennent à rebours le discours dominant. Mais la poésie, l’indulgence et la connaissance intime en assagissent le ton. Et le jeu subtil du conteur, en écho, en pochade ou en confidence explore et vocalise les replis du coeur divisé de l’africain déraciné.