Deux Ă©crivains monologuent : chapitres alternĂ©s, Ă©carts de style. Lâun, falot et obscur fonctionnaire, Ă©crit en dĂ©bridĂ© poĂ©tique pour son Ă©pouse aimante. Lâautre, cĂ©lĂšbre et riche cĂ©libataire, pond des policiers et des « boudins littĂ©raires ». Bien sombre machination, voici que le fonctionnaire, chargĂ© dâune intrigante mallette Ă molettes, se fait enlever au grand dĂ©sespoir de sa tendre Leno. Il se dĂ©couvre alors, ha, ha, que le pondeur de navets Ă succĂšs est le beau-frĂšre du patron du disparu. Les fils se nouent. Et, de Nâkongsamba-sur-la-Sorgue Ă Santa-Fe-de-Plougastel, les deux hĂ©ros poursuivent en solos leurs trajets vacillants jusquâĂ lâabracadabrant final et au triomphe de lâamour.
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Pendant ses longues annĂ©es de prison (Suerte, NB octobre 1996), Claude Lucas a beaucoup Ă©tudiĂ© et lu. Ce ne serait rien sans sa pratique polyphonique de lâhumour, la libertĂ© de son imagination, son talent exceptionnel pour embrumer lâespace entre rĂ©alitĂ© et crĂ©ation littĂ©raire et orchestrer le mĂ©lange. RĂ©sultat : un feu dâartifice de mots, de figures de style, dâanagrammes, des pages Ă la Queneau, mĂątinĂ©es de San Antonio… ou de Joyce. Câest drĂŽle, farfelu, ludique et intelligent Ă la fois.