Présenté sous la forme d’un récit progressivement reconstitué, extirpé par le narrateur au père de sa compagne, L’aveu de toi à moi est la recherche de la vérité d’un homme, Rubi, qui souffre de secrets refoulés, déguisés, qu’il finit par livrer, partiellement, au fil d’un récit construit comme une psychanalyse. Rubi fut successivement camelot du Roi, pétainiste « résistant », vrai maquisard, soldat SS, déserteur, détenu à Dachau, emprisonné en France pour trahison, amnistié, pour finalement vivre – mal – de sa plume. Tout en forçant Rubi à prendre conscience du « travail de mémoire » par lequel il se protège, le narrateur, juif catholique réfugié d’Algérie, personnalité fragile traumatisée par la folie de sa mère – Morgan Sportès lui-même à l’évidence (Maos, NB octobre 2006 ; Ils ont tué Pierre Overney, NB mai 2008) – se met en scène et cherche aussi sa propre vérité. Cette demi-fiction est soutenue par une écriture dynamique aux phrases vivantes et séquences courtes. Malgré quelques redites, elle est à la fois un extraordinaire témoignage sur la férocité d’une époque et une remarquable étude de caractère sur un homme mené par ses illusions, ballotté par les événements – mais qui a réussi à survivre. Comment ? À quel prix ?
L’aveu de toi à moi
SPORTÈS Morgan