Zelary est un village de montagne en Moravie du Nord. Les hivers y sont rigoureux, les étés écrasants. Les âmes des villageois sont à l’image du climat : âpres, austères, parfois violentes, le plus souvent endurcies et fermées à la souffrance. Entre les deux guerres, huit récits se succèdent, dont les héros sont les habitants de ce lieu reculé : le curé, l’instituteur, l’ingénieur, mais aussi la guérisseuse, le forgeron, le tavernier. Entre ces portraits d’adultes, jaillissent telles des sources vives, des personnalités d’enfants étonnantes, des femmes courageuses et obstinées. La cruauté, l’alcoolisme, la violence physique s’opposent à la beauté des paysages, à la bonté de certains, à l’innocence du monde animal.
La vie est fruste pour ceux de Želary mais l’écriture de Kvĕta Legátová adoucit la brutalité des moeurs et des caractères. Comme dans La Belle de Joza (NB. février 2008), elle entraîne le lecteur dans un monde « d’une amère réalité ». Point d’arrangement avec la nature humaine. Les personnages passent d’un récit à l’autre, vieillis ou rajeunis créant une confusion temporelle qui perturbe. Le réalisme des descriptions intensifie la pauvreté et la précarité d’un monde rural primaire.