Une jeune femme revient passer quelques semaines à Marseille au chevet de son père qui agonise dans une chambre d’hôpital. Elle revisite son enfance, triste, entre un père rigide et une mère internée en psychiatrie, sa vie actuelle à Bombay, colorée, remplie de musique et de poésie, bousculée par la jalousie sans doute justifiée d’un mari qu’elle aime pourtant. Le Nu à la chaise, c’est elle, qui se montre ainsi dans la cuisine de l’appartement qu’elle partage avec son frère et sa belle-soeur, conventionnels, étriqués.
Le livre est imprégné de la grise routine d’une fin de vie dans l’atmosphère déshumanisée des hôpitaux. D’habiles répétitions dessinent des cercles concentriques qui cernent petit à petit la narratrice. Le style est plaisant, clair et aéré, le trait parfois acéré. Comme dans L’amour du diable (NB mai 2002) revient l’obsession du sexe, ou plus précisément de son sexe, de sa fente comme l’héroïne le répète à foison. Cela n’empêche pas le lecteur, au contraire, au fil de courts chapitres alternés, de se prendre d’empathie pour cette femme sensuelle et touchante, dévastée naguère par la folie et la mort brutale de sa mère, qui réapprend à aimer son père, bougon, autoritaire, mais finalement attachant.