Ce qu’ils se mettent sur le dos

Vivien, londonienne, tour à tour punk décontractée négligente ou sophistiquée balbutiante, s’est habillée au fil des ans en fonction de ses désarrois, ses bonheurs ou ses lassitudes. Ses métamorphoses vestimentaires ne font en fait que masquer sa recherche identitaire. Fille unique d’un couple juif hongrois, meurtri, craintif et casanier, réfugié à Londres avant la seconde guerre mondiale, elle découvre que ses parents lui ont caché l’existence du frère de son père. Elle retrouve cet oncle solaire et scandaleux qui lui donne un passé.

« Montre moi ce que tu portes, je te dirai qui tu es », Linda Grant ne se contente pas de cette psychosociologie sommaire. Elle donne à ses personnages une épaisseur subtile qui les rend plus complexes et attachants que l’uniforme qu’ils revêtent. Chacun se drape, ostentatoire ou effacé, dans son héritage familial, ses convictions, ses aspirations, ses renoncements, ses compromissions. Le suspense de l’histoire bien construite est réel. Il réserve des tableaux frappants, des crudités, des attendrissements et une scène finale à la fois attendue et déconcertante.