Au sud-est, sur le golfe du Bengale, Pondichéry la française, la paisible, garde les traces de trois siècles d’une colonisation achevée en 1954. Les retraités jouent à la pétanque, les rues s’appellent Romain Roland ou La Bourdonnais et l’Alliance organise des rencontres littéraires. Au sud-ouest, sur la mer d’Oman, Goa la festive, l’internationale, oublie depuis 1961 ses siècles portugais. Dans un tohu-bohu joyeux, drogue, alcool et musique ignorent le vieux quartier désert et ses églises manuélines.
Dans l’une, puis dans l’autre ville, en pleine empathie, Franck Pavloff circule lentement, en vélo ou en Vespa, l’oeil attentif aux framboise, pistache ou ocre qui dressent des décors à chaque tour de roue, s’immerge avec bonheur dans l’exubérance ou la ferveur de la foule, rencontre des barbiers ou des professeurs d’université, et de gracieuses Indiennes bien difficiles à quitter… Il raconte le passé, évoque ses lectures, des souvenirs d’ailleurs. Ses très longues phrases ponctuées de virgules légères mêlent dans un même flot les beignets à la cardamome, la vision de François Martin plantant le drapeau français sur la côte de Coromandel ou les méfaits de la firme Coca Cola. Cet homme au grand coeur (Le pont de Ran-Mositar, NB octobre 2005) sait voyager.