Jean, chroniqueur dans un journal, a recueilli chez lui un ami en rupture sentimentale. Quand cet ami disparaît brusquement, Jean, désorienté, rompt avec ses attaches parisiennes et part se mettre au vert. Il en profite pour retrouver son rédacteur en chef qui habite Chartres. Il est alors confronté à deux faits dérangeants : un changement de cap se profile dans sa carrière et il éprouve un sentiment irrépressible devant la photo de la femme que son patron doit épouser dans la cathédrale.
Jean n’est pas un personnage auquel on s’attache ni à ceux qu’il rencontre et avec lesquels il a noué des liens amicaux ou amoureux. Même lui éprouve un étrange détachement vis-à-vis de lui-même et une vacuité légère à laquelle contribuent ses pannes de mémoire. Il subit sa vie plutôt que de la vivre, se laisse dériver dans le cours du temps, au gré des événements. Il raconte tout cela d’une plume soignée, petites notations allusives dans les échanges, ailleurs plus amples développements psychologiques et descriptifs d’un beau classicisme. Le précédent roman traitait de l’amitié (Trois hommes seuls, NB octobre 2008), celui-ci de la solitude, mais l’écriture en est le véritable héros.