Quand Charlemagne succĂšde Ă son pĂšre, PĂ©pin le Bref, en 768, dĂ©bute un rĂšgne de quarante-six ans durant lequel ce gĂ©ant (un mĂštre quatre-vingt-douze) guerroie sans cesse, pille et dĂ©vaste par lâĂ©pĂ©e et par le feu, fait dĂ©capiter, parfois, des milliers dâennemis prisonniers et s’enrichit d’un butin considĂ©rable. Il affirme sa puissance de lâElbe Ă lâĂbre, de la mer du Nord au Tibre et sâimpose comme protecteur du pape qui le sacre empereur Ă Rome en 800. Lâusure du pouvoir et lâĂąge engendrent une fin de rĂšgne difficile ; son empire ne lui survivra pas.
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Au-delĂ des mythes, lâauteur sâefforce de rĂ©tablir la rĂ©alitĂ© historique Ă partir des sources de lâĂ©poque (capitulaires, annales, Codex CarolinusâŠ), resituant le royaume franc dans lâEurope du VIIIe siĂšcle. Lâaspect biographique est magistralement restituĂ© dans le cadre de cette sociĂ©tĂ© rurale et de ses structures : vassalitĂ© et esclavage, administration des Comtes et des « Missi », organisation de lâarmĂ©e ; sans compter lâinfluence de lâĂglise dans un systĂšme oscillant entre le cĂ©saropapisme et la thĂ©ocratie. Fruit d’un travail monumental, trĂšs analytique, mais solidement Ă©tayĂ©, le livre de Georges Minois est un remarquable ouvrage de rĂ©fĂ©rence concernant Charlemagne et les enjeux sociĂ©taux et europĂ©ens du moment. (M.V. et A.-M.D.)