En 1970, la Bosnie est un petit État yougoslave aux frontières précises dont le charismatique Maréchal impose à une population essentiellement rurale le culte de sa personnalité. Velibor, six ans, est fils d’un mariage mixte : mère catholique fervente, père communiste inconditionnel. Dans la famille, Jésus et Tito sont deux sujets tabous. Guidé par un instituteur bienveillant, sûr de sa vocation de footballeur, le jeune garçon grandit, écrit des poèmes ambitieux, aime le rock et la pop et s’évade dans des rêves dont la douceur contraste avec son environnement brutal. La mort de Tito, celle de sa mère, le service militaire, la découverte de la sexualité jalonnent la fin de l’adolescence et son entrée dans sa vie d’adulte et d’écrivain.
De courts chapitres chronologiquement titrés racontent une multitude de petites anecdotes formant une sorte de biographie éclatée pleine d’humour, de lucidité et de dérision. On partage le difficile quotidien de ces Bosniaques dans une Yougoslavie dont l’éclatement est le sujet d’Archange (roman a capella) (NB juillet 2008). Ce nouveau « roman inventaire » – le terme est de l’auteur lui-même qui n’est autre que le héros – est drôle, sensible et attachant.