La nuit devient jour, et le jour devient lueur, qui devient soleil, qui devient lumière et réveille l’enfant dans son lit. On retrouve l’enfant à la fin du livre, quand la laine, tricotée par mamie, devient couverture, puis chaleur, qui devient sommeil, rêve, douceur et nuit… Le cycle est bouclé. Entretemps, le lecteur est transporté de la mer à la ville en passant par les nuages et le papier cadeau, en un enchaînement qui doit davantage à la poésie et aux associations d’idées qu’à la logique.
Jeune classique de la littérature jeunesse américaine (1994), le livre déroule son entraînante litanie au rythme d’une à deux transformations par page. Ces dernières sont parfois attendues (comme la rivière qui devient océan), suivent souvent une progression géographique (la rue devient route, pont, tunnel, ville), parfois surprennent (la fumée devient vent, qui devient froid, et nous voici face à un bonhomme de neige!). Les enchaînements sont parfaitement explicités par les illustrations claires et élégantes, aux formes stylisées inspirées des années cinquante, et aux couleurs en aplats. Les images opposent le calme de la nature à la trépidation de la ville et des voitures, et soulignent les liens qui existent entre tous les éléments de l’environnement. Beaucoup de charme.