Sur son cahier à petits carreaux, Joao, né en 1963, raconte et dessine, évoquant ses premières années au Portugal, sans son père qui avait émigré en France car insoumis pendant la guerre coloniale, puis son arrivée gare d’Austerlitz à six ans. Il parle de sa vie aujourd’hui, en 1974, de ses relations difficiles avec son père qui courbe le dos physiquement et moralement par peur de la PIDE (police secrète du régime portugais), n’ose se plaindre des conditions de travail dans les tunnels du métro, alors que le père de son ami Manuel est syndiqué et défend les ouvriers. Puis la nouvelle incroyable est arrivée : la révolution des Oeillets a renversé la dictature. L’été suivant, c’est le grand départ à bord de la vieille automobile pour revoir le pays.
La collection est bien connue : toujours intéressante, elle propose une courte histoire en vingt-deux chapitres, largement égayée d’illustrations pleine page. Elle est suivie d’un dossier documentaire avec photographies sur l’immigration portugaise des années soixante et un tableau chronologique. Les dessins au crayon rehaussés d’aquarelle apportent à la fois un vrai charme et des informations complémentaires sur la vie à l’époque.